Reader, faire une application pour Omega sur Numworks

gabriel79
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Création du squelette de l'application

Notre application va s'appeler Reader. Les applications sur la Numworks se trouvent sous le répertoire apps. Chaque application a son propre répertoire. Nous allons donc créer notre répertoire apps\reader.

Dans ce répertoire nous allons créer le code de l'application. Toutes les applications sur la Numworks utilisent la même classe principale: App. Nous allons les imiter.

Une classe ? Un peu de vocabulaire

En programmation orientée objet, on regroupe les variables et les fonctions dans des objets que l'on définit dans ce qu'on appelle une classe. Les variables sont les "attributs" ou des "propriétés" de la classe, et on appelle en général les fonctions d'une classe "méthodes". On entend en général par "membres" de la classe les propriétés et les méthodes.

Une classe peut dériver d'une autre, on dit également "hériter" d'une autre. Celle qui hérite est dite "classe fille", celle dont on hérite "classe mère" ou "parent". Quand une classe hérite d'une autre, elle récupère les membres de la classe mère, cela évite d'avoir à les recoder. En C++ une classe peut dériver de plusieurs classes, cela peut rajouter un peu de complexité alors on essait de ne pas abuser de cet héritage dit "multiple".

A partir d'une classe, qui définit un type, on peut créer des objets de ce type. On parle "d'instanciation" et on appelle un objet une "instance". Par exemple quand j'écris :
MyClass myInstace; myInstance est une instance de la classe MyClasse.

En C/C++, le code d'une classe se répartit sur 2 fichiers (à la différence du java ou du python). On a d'abord un header reconnaissable à son extension .h ou .hpp qui déclare la classe, ses membres et ses fonctions. Ce fichier ne décrit généralement pas ce que font les fonctions, il expose juste leur existence.

Le header

Nous créons donc un fichier apps\reader\app.h

Header guard

Les headers commencent et finissent toujours par un bout de code un peu particulier qu'il convient de comprendre :

#ifndef __APP__H__
#define __APP__H__
...
#endif

On appelle ce pattern des "include guard", ces instructions s'adressent au pre-compilateur et évite de déclarer plusieurs fois les mêmes classes.

La première ligne #ifndef __APP__H__ indique que le compilateur ne traitera la suite du fichier jusqu'au #endif que si la variable __APP__H__ n'est pas définie. Si c'est le cas, la seconde ligne #define __APP__H__ définie cette variable pour que la prochaine fois que le compilateur traite ce fichier, il ignore tout le contenu.

Namespace

Comme toutes les applications déclarent une class App, pour éviter les "collisions" de nom (2 classes ayant le même nom), chaque application déclare ses classes dans son propre "namespace". On peut rapprocher le concept de namespace du package en java. Nous allons donc utiliser notre propre namespace et mettre tout notre code dans un bloc tel que:

namespace reader
{

}

Au sein du namespace reader, le nom de notre classe sera App, mais vu de l'extérieur son nom complet sera reader::App.

On peut trouver du code en dehors de tout namespace, il fait parti alors d'un namespace racine, pour spécifier qu'on parle d'une classe dans le namespace racine on utilise::, par exemple ::App est la classe App fournie par Numworks dans le namespace racine.

La classe

En C++, une classe se déclare de la façon suivante :

class App
{

};

Attention à ne pas oublier le ";" final.

En réalité, nous allons dériver notre classe App d'une classe ::App fournie par Numworks. Pour cela, nous avons déjà besoin d'inclure la déclaration de cette classe à notre fichier :

#include <escher.h>

Puis nous déclarons lors de la création de notre classe qu'elle hérite de la classe ::App de Numworks. Cela nous évite d'écrire nous même une partie des fonctions dont toutes les applications ont besoin:

class App : public ::App 
{
};

Descriptor et Snapshot

Malheureusement, bien que notre classe hérite d'une classe de Numworks, nous allons devoir écrire quelques lignes de codes un peu compliquées. Il s'agit de définir 2 classes internes, dérivant elles-mêmes de 2 classes fournies par Numworks. La classe Descriptor permet d'indiquer le nom et l'icône de notre application. Le rôle de la classe Snapshot est moins clair pour moi, je pense qu'elle permet de sauver la classe dans la mémoire de la Numworks quand l'utilisateur quitte l'application pour pouvoir la restaurer quand il l'ouvre. Notre classe devient donc :

class App : public ::App 
{
public:
  class Descriptor : public ::App::Descriptor 
  {
  public:
    I18n::Message name() override;
    I18n::Message upperName() override;
    const Image * icon() override;
  };
  class Snapshot : public ::App::Snapshot 
  {
  public:
    App * unpack(Container * container) override;
    Descriptor * descriptor() override;
  };
};

Les override derrière le nom des fonctions de Descriptor indique qu'on est en train de redéfinir une fonction de la classe dont on dérive. Ce mot clé est optionnel, mais c'est mieux de le mettre car il permet d'avoir une erreur de compilation si la signature de la fonction dans la classe dont on dérive venait à changer ou si on faisait une faute dans la signature de notre propre fonction qui ne serait alors pas appelée sans qu'il n'y ait d'erreur de compilation.

Pour finir nous déclarons un constructeur à notre classe. Le constructeur est la fonction qui permet de créer une instance de notre classe. L'instanciation de notre classe est faite par un code un peu compliqué (le unpack de la classe interne Snapshot), on ne veut pas que n'importe qui puisse instancier notre application, notre constructeur sera donc dans la section privée de la classe (derrière un private:), ce qui signifie

App(Snapshot * snapshot);

En résumé

Le fichier apps\reader\app.h aura donc cette tête là:

#ifndef READER_H
#define READER_H

#include <escher.h>

namespace reader 
{

class App : public ::App 
{
public:
  class Descriptor : public ::App::Descriptor 
  {
  public:
    I18n::Message name() override;
    I18n::Message upperName() override;
    const Image * icon() override;
  };
  class Snapshot : public ::App::Snapshot 
  {
  public:
    App * unpack(Container * container) override;
    Descriptor * descriptor() override;
  };
private:
  App(Snapshot * snapshot);

};

}

#endif

L'implémentation

Une fois notre classe déclarée, il convient de coder son implémentation : ce qu'elle fait. Cela se fait dans un fichier .cpp. Créons donc apps\reader\app.cpp

Commençons par inclure quelques fichiers de définition :

#include "app.h"
#include "reader_icon.h"
#include "apps/apps_container.h"
#include "apps/i18n.h"

Le premier header "app.h" est le fichier que nous venons de créer. Je n'ai aucune idée de ce qu'est réellement le second reader_icon.h. apps/apps_container.h fournit un objet dont nous aurons besoin dans le constructeur de notre classe. Le dernier apps/i8n.h est un fichier contenant la traduction des chaînes de caractères utilisées dans les applications. En effet, pour rendre l'internationalisation plus simple, les applications évitent de contenir directement des chaînes de caractères dans leur code, mais utilisent un label qui sera transformé en la bonne chaînes de caractères selon la langue dans laquelle est configurée la calculatrice.

Comme dans le header, nous allons mettre ensuite notre code dans notre namespace. Attention à ne pas mettre les includes dans le namespace. En effet, lors de la compilation, le précompilateur recopie tout le contenu des fichiers headers inclus dans notre fichier, mettre les includes dans notre namespace ajouterait ces définitions à notre namespace ce que nous ne voulons pas.

namespace reader
{

}

Descriptor

Puis au sein du namespace, nous allons commencer par fournir l'implémentation des fonctions de la classe Descriptor:

I18n::Message App::Descriptor::name() 
{
  return I18n::Message::ReaderApp;
}

I18n::Message App::Descriptor::upperName()
{
  return I18n::Message::ReaderAppCapital;
}

const Image * App::Descriptor::icon() 
{
  return ImageStore::ReaderIcon;
}

La fonction name renvoie le nom de l'application, que nous allons définir ensuite dans un fichier de ressource. upperName renvoie le nom en capitale, et icon l'icône de l'application que nous allons également définir ensuite.

Snapshot

L'implémentation de la class Snapshot est un peu plus compliquée.

App * App::Snapshot::unpack(Container * container) 
{
  return new (container->currentAppBuffer()) App(this);
}

App::Descriptor * App::Snapshot::descriptor() 
{
  static Descriptor descriptor;
  return &descriptor;
}

La fonction unpack crée une instance de notre class App en lui donnant en paramètre la zone de mémoire à utiliser (qui est fournit par container->currentAppBuffer()).

La fonction descriptor renvoie elle le Descriptor de notre application en utilisant un pattern classique: le singleton. Le singleton garantit qu'il n'existe au sein de notre application qu'une seule instance du Descriptor celui déclaré à la ligne static Descriptor descriptor;. Le mot clé static lors de la déclaration de la variable indique que la variable continue d'exister même après la fin de la fonction et que si le programme repasse dans cette fonction il n'aura pas à déclarer une nouvelle variable mais réutilisera la variable du précédent appel.

Constructeur

Il manque encore le constructeur de notre classe, qui se contentera d'appeler le constructeur de la classe dont il hérite :

App::App(Snapshot * snapshot) :
  ::App(snapshot, nullptr)
{
}

En résumé

Le fichier apps\reader\app.c aura cette tête là:

#include "app.h"
#include "reader_icon.h"
#include "apps/apps_container.h"
#include "apps/i18n.h"


namespace reader 
{

I18n::Message App::Descriptor::name() 
{
  return I18n::Message::ReaderApp;
}

I18n::Message App::Descriptor::upperName() 
{
  return I18n::Message::ReaderAppCapital;
}

const Image * App::Descriptor::icon() 
{
  return ImageStore::ReaderIcon;
}

App * App::Snapshot::unpack(Container * container) 
{
  return new (container->currentAppBuffer()) App(this);
}

App::Descriptor * App::Snapshot::descriptor()
{
  static Descriptor descriptor;
  return &descriptor;
}

App::App(Snapshot * snapshot) :
  ::App(snapshot, nullptr)
{
}

}

Si la syntaxe n'est pas claire, ce n'est pas très important. Il s'agit d'un code un peu compliqué (à cause des classes internes). La syntaxe du C++ s'éclaircira au fils du tutoriel.

Les fichiers de resources

Comme dit précédemment l'internationalisation se fait au moyen de fichiers de ressources. Il y en a un par langue. Le plus simple est de copier les fichiers .i18n d'une autre application dans votre répertoire apps\reader puis de remplacer leur contenu par le votre :

ReaderApp = "Reader"
ReaderAppCapital = "READER"

et montrer vos talents en langue en traduisant "reader" dans toutes les langues.

L'icone

Il vous faudra ensuite une icone de 55x56 au format png. Icone à mettre également dans votre répertoire apps\reader

Il faut également déclarer votre icone dans le thème de la calculatrice. Pour cela rajouter la ligne:
"apps/reader/reader_icon.png" : "apps/reader_icon.png", au fichier themes\icons.json

L'intégration

Il faut ensuite inclure votre application aux applications à construire et à embarquer sur la calculatrice. Cela se fait dans le fichier build\config.mak

Rajouter "reader" à la ligne:
EPSILON_APPS ?= reader calculation rpn graph code statistics probability solver atom sequence regression settings external

La position de votre application sur cette ligne déterminera sa position dans les applications de la calculatrice. Je la met en tête pendant le développement c'est plus rapide pour tester...

Ce fichier sert à configurer le "build" par défaut de la calculatrice. Vous pouvez ainsi changer le thème par défaut et d'autres paramètres.

le Makefile

Pour compiler votre application, il vous faut un makefile, c'est un fichier qui déclare vos fichiers sources et dit avec quels outils ils se compilent.

Créer ainsi un fichier apps\reader\Makefile qui contiendra les lignes suivantes:

apps += reader::App
app_headers += apps/reader/app.h

app_sreader_src = $(addprefix apps/reader/,\
  app.cpp \
)

apps_src += $(app_sreader_src)

app_images += apps/reader/reader_icon.png

i18n_files += $(call i18n_without_universal_for,reader/base)

$(eval $(call depends_on_image,apps/reader/app.cpp,apps/reader/reader_icon.png))

La ligne apps += reader::App rajoute votre application à la liste des app de la calculatrice. reader correspond à votre namespace et App à votre classe principale (si votre application à un autre nom et namespace pensez y). dans app_headers vous mettez vos headers et dans app_sreader_src vos fichiers sources, dans app_images votre icône et dans i18n_files un peu de magie gère vos fichiers de traduction.

Compilation

Il est temps de retourner à votre ligne de commande. Dans le répertoire Omega, il peut être préférable de commencer par nettoyer le précédent build, avec :
make PLATFORM=simulator device=windows MODEL="n0110" clean

Il n'est pas nécessaire de faire ce make clean avant chaque compilation. La compilation suivante recompilera tout et sera donc longue. Mais quand vous faites des modifications à autre chose que des fichiers .c ou .h, cela peut être nécessaire pour que tous les objets soient bien construits.

Vous pouvez ensuite tenter une compilation: make PLATFORM=simulator device=windows MODEL="n0110"

et si tout va bien il n'y aura pas d'erreur... (c'est malheureusement rare d'arriver à tout faire du premier coup sans fautes de frappe ou autres étourderies). En cas d'erreur, essayer de comprendre le message qui peut mettre sur la voie de ce qui ne va pas...

Un premier test

Vous pouvez ensuite lancer le simulateur: sous macos:
$ output/release/simulator/macos/epsilon.app/Contents/MacOS/Epsilon

sous windows:
$ output/release/simulator/windows/epsilon.exe

sous linux:
$ output/release/simulator/linux/epsilon.bin

Normalement votre application devrait apparaître dans le simulateur. Vous pouvez essayer de la lancer, mais elle va faire se crasher le simulateur ou votre calculatrice... Ecran d'accueil avec votre app

On sauvegarde

Une bonne habitude à prendre est d'utiliser git pour sauvegarder votre code. Git est inclus dans Visual Studio Code, il s'agit d'un gestionnaire de code source, il stocke l'historique de vos modifications, ce qui permet de revenir en arrière, d'essayer des choses sans perdre une version qui marche.

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